Parfois je suis surpris de constater à quel point nous pouvons chercher à vivre sans jamais avoir existé.
L’âme que nous sommes est là, incarnée, habitant un corps de chair momentanément, et nous pouvons passer cette existence sans même avoir contacté ou nourri cette âme.
Cette âme est directement connectée à la Vie elle-même, l’essence de la vie. Elle est directement connectée à la lumière. Et nous pouvons passer une existence dans l’obscurité, à chercher les particules de lumière dans la nuit spirituelle la plus sombre. Chercher ce qui est déjà là semble absurde. Imaginez un instant une personne qui creuse un trou avec une pelle. Un passant vient par là et voit la personne creuser. Cette personne est si acharnée, et même si fatiguée, que le passant retrousse ses manches et aide cette personne. Finalement, au bout d’un moment, les deux creusant un trou profond, le passant demande au premier : « vous creusez jusqu’où ? »
- Je ne sais pas, répond l’autre.
- Mais alors, vous creusez pour quoi ?
- Je crois que j’ai mis mon trésor par là, mais je ne sais pas où.
À bout de forces, les deux compères décident d’une pause et remontent à la surface, car leur trou est maintenant déjà grand et profond.
- Et votre trésor ressemble à quoi ? demande le passant.
- À cette malle sur laquelle vous êtes assis, répond l’autre.
Puis après une belle pause, les deux continuent à creuser. Ils pourront toujours creuser, la malle est bien au bord du trou. Et le trésor attend à la surface.
Oui, le trésor attend à la surface de notre perception. À la surface de notre attention. À la surface de notre capacité à laisser notre conscience émerger.
À quoi bon cumuler un ensemble de mérites, de biens et de médailles, si nous sommes incapables d’être heureux. Si nous sommes incapables de sentir la présence du soleil. La présence intérieure du soleil. Sa qualité qui brille au-delà de sa lumière physique.
Il n’y a pas uniquement une longueur, une largeur et une hauteur des choses. Il y a aussi une profondeur. Cette profondeur n’est pas physique. Elle est spirituelle. Et seul notre corps spirituel, notre âme, peut percevoir cela. Une profondeur à la vie, une profondeur au soleil. C’est la même chose. Une profondeur qui change la perspective et les couleurs.
Qui est prêt à travailler sans recevoir de salaire ?
Qui est assez obstiné pour travailler dans une activité où surtout nous ne recevrons pas de salaire ?
Si nous voyons nos amis et que nous leur disons « ça y est, les amis. J’ai enfin trouvé un travail dur et laborieux, où je sais que je ne serai pas payé en retour. Je vais le faire à temps plein. » Vos amis penseront que vous êtes exploité. Ou que vous êtes hypnotisé ou sous le contrôle d’un gourou malveillant. Et ils ont raison. C’est ce qui se passe quand nous passons à côté de cette existence. Nous travaillons dur, mais pas pour les bonnes raisons. Nous plantons bien souvent des arbres arides qui ne porteront pas de fruits. Car nous avons oublié le sens de la vie. Et la vie est par essence spirituelle. C’est sa nature. Toute chose a une essence spirituelle.
Nous même, nous sommes d’essence spirituelle. Quelle école enseigne cela ? Maternelle, primaire, collège, et même lycée : tous ces enseignements nous apprennent-ils ce qu’est la vie spirituelle ? Nous enseigne-t-on à explorer et reconnaître notre nature spirituelle, atemporelle, et à reconnaître la nature spirituelle de ce qui nous entoure ?
Quelle matière enseigne cela ?
Pourtant nous travaillons dur. Nous apprenons des kilomètres de leçons. Nous écrivons des tartines de feuilles d’interrogations, programmées ou surprises.
Puis une fois l’école finie, nous continuons à travailler dur. Comme à l’école. Sans trop savoir ce que nous sommes. Sans trop savoir pourquoi nous faisons tous ces efforts. Car nous n’avons pas appris à creuser à l’intérieur de nous-même. Nous n’avons pas découvert ces trésors cachés à l’intérieur de nous-même.
L’intérieur de nous-même n’est pas un amas de tissus, d’organes et viscères. À l’intérieur de l’être humain, il y a des arcs en ciel, des ponts qui enjambent des flots impétueux, il y a des chevaux qui galopent et des aigles qui volent haut. Il y a des anges, des dragons, des plantes qui parlent et des étoiles qui chantent.
Oui, il y a tout cela. Pas la peine de creuser, le trésor est déjà là. Livré avant même de creuser. Livré avant même la pelle, ou l’idée de creuser. Si proche. Si familier, que nous ne le voyons généralement pas.
Le trésor est là. L’âme est toujours là. Attendant patiemment en surface. À la lumière, elle attend d’être perçue. Accueillie. Nourrie. Car cette âme est notre seule certitude. Elle est le point de départ de notre perception de la vie et du monde.
Vie après vie, nous revenons au même endroit, pour creuser et creuser encore. Jusqu’au jour où nous regardons autour de nous. Et notre regard voit le trésor. Car il a toujours été là. À portée.
Notre âme est là, car nous sommes là. Cette âme qui est notre seule identité, celle que nous emportons dans le passeport spirituel que nous présentons aux anges lors de notre descente sur terre et que nous présentons à nouveau quand nous quittons le plan terrestre après ce voyage de quelques temps.
Nous sommes cela. Ce qui est toujours là.
Toujours présent.
Toujours cela.
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