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Offrande



Bonjour,

 

La nuit dernière, j’ai été réveillé par la pensée : « expérimente ce qu’est « donner sa vie à Dieu ».

 

Comme je ne savais pas trop dans quelle direction me tourner, j’ai imaginé vous demander si vous connaissiez un milliardaire. Si je donnais un euro à un milliardaire, ce serait peut-être comme donner sa vie à Dieu, qui a déjà tout. Un euro, un peu comme une vie parmi des milliards. Alors si vous connaissiez un milliardaire, en le contactant de votre part, il aurait peut-être accepté de me donner son Rib et j’aurais fait un virement d’un euro.

 

Mais je me suis demandé si j’aurais la patience d’attendre son Rib, car la question était présente. Bon, si vous connaissez un milliardaire, plus la peine de me mettre en contact.

 

J’ai d’abord demandé à la rivière. Elle m’a proposé d’offrir une goutte d’eau. Je lui ai offert une goutte d’eau. Je crois qu’aucun milliardaire ne m’aurait permis de vivre cette magnifique expérience. J’ai vu la goutte plonger et se diluer dans l’eau douce de la rivière. J’ai demandé à la goutte ce qu’elle ressentait, et elle m’a dit qu’elle avait changé de nature. Dans mes mains, c’était une goutte séparée. Là, dans la rivière elle ressentait toute la vie de la rivière : le frôlement des racines des arbres, la nage des poissons, la force des roches… Elle me remercia et replongeai dans l’expérience.

 

Je me tournais alors vers le sapin.

- Et toi, petite aiguille de sapin, feuille parmi les milliards de feuilles, que ressens-tu ?

- Je te sens, toi qui poses cette question. Je te sens et je sens la vie. La vie de tous les êtres. Je suis la vie de tous les êtres.

- Mais comment peux-tu être la vie de tous les êtres, toi qui es si petite, là sur cette branche ?

- Je ne suis pas une petite feuille, je suis la vie. Oui, je suis la vie.

 

Décidément, je ne comprenais pas trop le message, j’avais besoin d’une réponse plus terre à terre, alors je demandais au brin d’herbe.

- Dis-moi, brin d’herbe, je ne comprends pas la feuille de l’arbre, elle me parait un peu perchée. Toi qui es proche de la terre, toi qui fais partie de ces milliards de brins d’herbes, que ressens-tu ?

- Je te sens toi, qui est proche de moi, tout comme je sens la fleur à l’autre bout du pré. Et je ressens aussi la douceur de la Terre. La Terre entière. Je sens son amour maternel.

- Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Je suis un humain parmi tant d’autres, et pourtant je ne ressens pas comme toi, ni comme la feuille d’arbre, ou la goutte d’eau.

- Mais, tu n’es pas un humain parmi tant d’autres !

 

Je me demandais si le brin d’herbe se moquait de moi. Je sentis la vexation monter.

 

- Mon jeune ami, tu es la vie. Simplement la vie. Pourquoi voudrais-tu être quelqu’un ? Pourquoi vouloir tant d’importance ?

Chaque être qui revient à la vie offre sa vie. Mais pas à une cause, ou à une idéologie, tu offres ta vie à la vie. Tu offres ta vie à quelque chose de si grand que tu ne peux le concevoir. Mais ce qui compte, ce n’est pas la quantité, ce n’est pas d’arriver à mesurer ce que cela représente.

- Mais qu’est-ce qui compte alors ?

- C’est l’offrande. Quand tu t’offres, tu offres un espace déjà occupé. Tu offres un espace nouveau à la vie. Et alors cet espace peut recevoir une nouvelle énergie. Une nouvelle présence. Tu peux sentir la présence de la fleur, la présence de la rivière, la présence de toutes les forêts, la présence de la Terre ou d’un ange.

 

Je me laissais aller à cette proposition quand une nouvelle pensée jaillit et m’angoissa :

- Est-ce que cela veut dire que je peux aussi sentir la présence des autres humains, leurs pensée, leur énergie ?

- Non, avec les humains, c’est différent. La plupart sont déjà occupés à leur propre centre d’intérêt. Ils vivent majoritairement centrés sur leurs pensées, et cela crée un champ énergétique particulier, coupé du reste de la création. Tu ne risques rien, tu peux t’offrir. Cela te mettra en relation directe avec les humains qui sont un canal de la vie.

 

Là, j’ai réalisé que j’aurais fait une erreur en passant par un milliardaire. Je serais peut-être passé à côté de l’expérience du brin d’herbe.

 

J’ai donc essayé. Momentanément. Donner sa présence à la Présence, donner sa vie à la Vie, c’est être traversé par un quelque chose qui ne veut rien pour soi. Cela jaillit, pour tous. Pour tout.

Malheureusement, nous n’en retirons aucun bénéfice. Du moins aucun bénéfice comptable.

Car je sentis clairement mon cœur s’ouvrir. Je sentis clairement mes corps s’ouvrir, et mes pensées être plus que mes pensées. J’ai rencontré à l’intérieur de mon cœur différents êtres. Différentes qualités de présence.


Dans mon cœur, la fleur s’est ouverte.

Dans mon cœur, le nuage a glissé avec douceur.

Dans mon cœur, la rivière a chanté son chant du jour,

Et la Terre m’a empli de son amour.

Oui, pendant un bref instant, j’ai senti l’amour de la terre pour ses enfants.

J’ai senti la Terre, et j’ai été Amour.

 

 

Puissent nos cœurs, d’instant en instant, apprendre à revenir à l’Amour.

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