top of page

Histoire Personnelle 4 : Les Fées


J’ai rencontré par la suite des personnes qui avaient suivi des formations pour rentrer en contact avec les anges ou les fées. Mon parcours est différent. Ce sont les anges et les fées qui m’ont directement enseigné. J’écris ce passage, car je n’ai pas trouvé de références sur ce sujet, et que j’étais inquiet de ces apparitions. Je pensais devenir fou. Je m’en suis ouvert à un ami docteur psychologie, Jean Yves Leloup, qui m’a rassuré. Alors j’ai accepté ce fait.

 

Pour des questions de compréhension, je distingue ici le fait de voir les yeux ouverts (ou « apparitions », « manifestations »), du fait de voir les yeux fermés (« visions »).

 

Après mon AVC, j’ai eu rendez-vous avec divers spécialistes, cardiologue, neurologue… et j’ai pris des cachets censés m’aider. Leurs effets semblaient plus néfastes que bienfaisants, et j’étais fatigué à longueur de journée. Je me suis donc tourné vers d’autres alternatives, et c’est là que j’ai découvert les thérapies alternatives.

J’ai été gâté. Pour ma première formation, j’entrais dans le monde du reiki que je connaissais pour avoir reçu un soin et vu un peu un ami exercer. Je suis donc arrivé dans cette formation sans rien connaître, et les mots « chakras » étaient pour moi un grand mystère. L’énergétique m’était complètement inconnue, et je posais tant de questions, car je ne comprenais pas grand-chose, que le formateur me proposa de pratiquer. Sans chercher à comprendre. Je comprendrais plus tard. C’est donc ce que je fis, je pratiquais.

La curiosité me poussa à faire le deuxième « degré » de reiki. Je le fis avec le même formateur, et j’avais un peu lu sur le sujet les mois précédents. Ce fut très particulier. Au deuxième degré, nous étions seulement deux participants.

Il y a eu deux moments forts dans ce week-end là. Le premier fut de se retrouver seulement deux participants, cela permettait plus d’échanges avec notre formateur. Louis était un ancien évêque, ayant même servi lors de messes à Rome. Il nous montra des photos où il assistait le pape. Il nous évoqua ses activités au sein de l’église, notamment son dernier poste, qui était d’avoir en charge un monastère dédié à l’exorcisme. Étant très sensible, je lui demandais de ne pas nous donner de détails, car le peu qu’il en raconta me fit frissonner.

L’autre temps fort fut de travailler à distance avec l’autre participant. Alors que je faisais un soin à mon binôme qui se trouvait dans une pièce voisine avec Louis, je sentis une présence. Je fermais les yeux et je vis de suite une femme brune, un peu ronde, habillée en robe, qui me regardait. 

Cela me surprit, et en même temps j’avais confiance en Louis et je sentais que s’il y avait un problème, il interviendrait. Je me sentais donc bizarre en continuant l’exercice observé par cette femme. Elle semblait bienveillante.

Une fois l’exercice fini, Louis et mon binôme me rejoignirent. Je leur parlais de suite de cette vision. Louis ne l’avait pas sentie. Et il ne voyait pas de qui il pourrait s’agir. Par contre mon binôme me demanda des détails, et je lui décrivis cette femme et ses vêtements avec assez de détails pour qu’il reconnaisse une tante à lui décédée un mois plus tôt.

C’est suite à cela que Louis nous parla un peu de son passé d’évêque.

Je ne croyais pas aux fantômes, je ne croyais pas aux possessions, et là je fus servi. Cela ne me rassura pas.

 

De retour auprès de ma famille en Corse, je décidais de comprendre un peu mieux mes problèmes d’étourdissements. Je consultais pour la première fois un ostéopathe et acupuncteur. Je découvrais qu’il y avait des pratiques en dehors de la médecine conventionnelle. Très intrigué, surtout par les résultats positifs des séances que je reçus, je choisis de me former. Je commençais un cursus en medecine traditionnelle chinoise, mais je n’arrivais pas à mémoriser. L’AVC avait endommagé des zones qui permettent d’apprendre et mémoriser.

Je me tournais donc vers les soins avec les huiles essentielles, aromathérapie et olfactothérapie.

Une fois le cursus fini, cela s’est enchainé rapidement.

 

J’ai tout d’abord commencé à rêver à d’une personne que je ne connaissais pas directement. Elle habitait dans le même village que moi, mais je ne la connaissais pas directement. Je rêvais d’elle. Je pris contact, et finalement je lui proposais des soins. Elle était malade, ce que je ne savais pas. Après deux semaines d’accompagnements quotidiens, elle a eu un malaise, a été hospitalisée, et je suis allé à l’hôpital pour continuer les soins, sur sa demande. L’accompagnement s’est transformé car son énergie avait changé. Je ne le savais pas, mais je faisais mon premier accompagnement en fin de vie. Je descendais à l’hôpital tous les deux jours, et mon amie (car c’était devenue une amie en peu de temps, de ces amitiés qui se tissent dans l’adversité) était passé du service d’urgence au service d’observation. Je la visitais une semaine ainsi, jusqu’au soir où elle apparut dans ma chambre, au pied du lit. Je venais de me coucher, et elle apparut d’un seul coup. C’était une personne particulièrement douce et bienveillante, et sa bonté était toujours là. Cela me rassura. Nous n’avons pas parlé. Il y avait comme une évidence. Je « savais » qu’elle était décédée. Je la regardais, elle paraissait paisible et rayonnante de lumière. Machinalement je tournai la tête pour regarder l’heure sur mon réveil : 21h15. Bien que le mouvement de tête fût rapide, cela suffit à la faire disparaître de ma chambre. Le lendemain matin, son mari me téléphonait pour annoncer son décès à l’hôpital à 21h15.

 

Les jours suivants, ainsi que les semaines et les mois qui suivirent, je sentais des présences. Des présences de défunts.

Je ressentais aussi dans la nature des ambiances particulières, que l’on pourrait nommer féeriques. Sans que je puisse nommer un quelconque détail dans le paysage qui pouvait laisser entendre cela.

C’était ambiant.

Je ressentais aussi un besoin de comprendre et c’est à ce moment-là que j’ai lu et essayé diverses expériences lues dans les livres et je me suis arrêté assez rapidement. Je sentais que quelque chose d’étrange était là, sans pouvoir le nommer. Je sentais des variations dans l’air ambiant selon les lieux où je me trouvais.

Je démissionnais aussi de mon travail de garde forestier, ne pouvant plus marquer des arbres à abattre et ne comprenant plus pourquoi les forêts devaient être gérées dans une notion de rentabilité.

Nous sommes retournés en famille sur le continent, auprès de nos parents, à Agde. C’est là qu’un soir de pleine lune, n’arrivant pas à dormir, je marchais jusqu’à la plage et je m’assis sur une roche en bord de mer. Je pensais méditer face à la mer où se reflétait la lune, et dès que je fermais les yeux, de ces reflets argentés sur l’eau, je vis une forme lointaine marcher vers moi. Elle marchait sur l’eau. Plus elle se rapprochait, plus je distinguais les détails de son corps et de son visage. Elle était vêtue d’une robe argentée. Je gardais les yeux fermés. Elle vint jusqu’à moi, s’arrêta à quelques mètres et me délivra un message.

C’était la première fois que je voyais un être non humain, féerique, et c’était la première fois que j’entendais un message. Je n’arrivais pas à ouvrir les yeux, souhaitant bénéficier au maximum de sa présence. Car quand elle s’était approchée, j’avais pu sentir l’air ambiant changer radicalement. 

Je baignais dans quelque chose d’inconnu. Aujourd’hui, je pourrais dire que c’était une énergie d’amour pur, mais à ce moment-là, je sentais seulement que cela faisait un bien au corps, les pensées semblaient arrêtées, et j’étais uniquement dans ce « senti » radicalement merveilleux, chaleureux, rassurant, empli de force et de bonté. Je ressentais cela intérieurement et je me focalisais sur ce « senti ». C’était une expérience intérieure unique.

J’étais tellement plongé dans l’expérience et cette intériorité que lorsque je me centrais sur l’extérieur, la fée semblait partie. J’ouvris les yeux, et j’étais seul sur ce rocher, face à la mer, au milieu de la nuit. La lune avait continué sa marche dans le ciel. Je revenais à un autre niveau de réalité. Ce fut comme une chute. Je crois que j’ai appris en voyageant dans l’énergie des fées et des anges. Un autre niveau de réalité.

Le message de cette fée était simple : « la Terre vibre ». Mais si je savais retranscrire l’énergie portée par ces mots, je pourrais vous faire partager l’essentiel de ce message. Malheureusement, je ne sais pas comment faire à part écrire ces lignes.

 

Je m’en ouvris à une amie médium, qui m’orienta vers une femme, Nadine, qui discutait avec les fées et prenait des photos de fées. J’allais donc visiter Nadine. Quand je l’appelais, les fées lui avaient déjà dit que j’allais appeler et elle m’attendait. Nous nous rencontrâmes donc assez rapidement. C’est donc en compagnie de Nadine, qui visualisait et parlait aux êtres féeriques, que je vis ma première fée, les yeux ouverts. J’ai aussi vu des lutins de petite taille.

 

J’ai vu cette première fée, et cela a duré ainsi pendant presque dix ans. J’ai ainsi rencontré, les yeux ouverts, des fées, des lutins, des anges, et un dragon. Il y a aussi une autre présence que je ne connaissais pas qui est aussi venue me bouleverser.

J’ai surtout vu (yeux ouverts ou fermés) ces êtres féeriques, et leur message a surtout été une expérience énergétique. Car voir une fée est une chose, mais sentir en même temps ce qui emplit l’espace est quelque chose d’exceptionnel. C’est du moins ainsi que je l’ai vécu.

 

Bien que les quelques personnes auxquelles je parlais de ces expériences manifestaient de l’intérêt et souhaitaient elles aussi percevoir ces fées, je ne savais pas comment partager cela.

Les expériences féeriques les plus marquantes furent celles où les fées m’ont intégré. À plusieurs reprises, les esprits de la nature sont rentrés en moi. Cela a commencé un jour où j’étais assis à méditer au pied d’un hêtre en montagne. J’ai vu (yeux fermés) une fée s’approcher en marchant. Elle semblait faire à peu près ma taille. Elle m’a proposé de s’assoir avec moi. Je pensais qu’elle allait s’assoir à côté de moi, et j’ai acquiescé. Mais à la place de se mettre à mes côtés, elle s’est assise en moi. C’est-à-dire qu’elle s’est assise sur moi, mais à la place de s’arrêter sur mon corps, elle est rentrée. Puis j’ai entendu sa voix à l’intérieur de mon corps, et elle m’a proposé d’ouvrir les yeux. Ce que je fis. Puis elle me dit que j’allais voir différentes choses. Cela pourrait paraître anodin, comme « regarde, un insecte va danser pour toi. » et un insecte venait en volant et semblait faire une sorte de danse devant moi, puis s’éloigna. Elle me montra ainsi des choses en apparences simples, mais remplies d’une énergie que je ne connaissais pas. C’était vivant. Vibrant.

Heureusement que j’avais vécu cette expérience de reliance à la nature. Car quelques semaines plus tard, je vécu une aventure effrayante et cela m’aida. En fait, j’ai vécu un orage sur les crêtes, au même endroit où j’avais été incorporé peu de temps auparavant. Un gros orage. En arrivant sur la crête par un versant, je tombais sur l’orage qui s’était approché par l’autre versant. Je le pensais plus éloigné. Je fus si surpris et si effrayé que mes jambes me lâchèrent et je tombais littéralement à genou. Je relate les détails de cet orage dans « rencontres féeriques », le premier livre que j’ai écrit. Donc j’étais à genou, me sentant en danger, sans savoir quoi faire. Je n’arrivais pas à penser. J’avais des flashs de mes années de pompier, et ces personnes foudroyées, soit avec de grandes douleurs (chocs électriques), soit mortes. Les orages m’effraient particulièrement. J’étais comme abattu. 


Résigné, courbé face à ce danger. L’orage était là, les éclairs et la foudre faisaient trembler le sol et l’air. À ce moment-là, j’ai entendu la voix dans ma tête. Cette voix me dit de me redresser. Que j’étais le haut d’une mèche de bougie. Il fallait un humain pour faire cela. C’était une voix particulièrement calme. Comme une douceur et un calme alors que les éléments se déchainent. Cette voix était si « présente », si habitée, que je me suis redressé, toujours à genou. J’ai alors senti la terre sous mes pieds qui était comme une gigantesque bougie. J’ai senti que les hêtres alentour faisaient descendre une énergie vers le sol sous leur tronc, et que cette énergie venait vers moi par la terre. J’étais ce point concentrique vers où cette énergie se diffusait dans le sol. J’ai alors visualisé une flamme autour de moi. Puis cette flamme a grandi et s’est transformé en une sorte de vortex bleu dans le ciel. Je vivais cela dans un état second. Je visualisais la scène, mais il me semblait que les sons étaient distants. Comme si cela se passait loin de moi. Pourtant l’orage était là.


Alors que le vortex s’est élevé dans le ciel, j’ai clairement perçu dans le tonnerre des voix humaines. C’étaient des voix d’êtres décédés dans des conditions qu’ils n’acceptaient pas : guerre, attentats, accident… ces voix hurlaient leur colère. J’ai envoyé dans ce vortex des pensées d’amour. Je leur ai parlé à ces voix. Pour leur dire qu’elles ne pouvaient pas changer la situation, leur temps sur Terre était fini, il fallait qu’elles acceptent. Elles avaient un autre destin dorénavant. Je leur ai proposé de les accueillir dans l’amour ambiant, de se laisser toucher par cette flamme/vortex bleu. Elles ne pouvaient pas changer leur mort, par contre elles pouvaient changer leur nouvelle vie dans le ciel, et elles pouvaient aider depuis là les êtres qui leurs étaient chers. Je disais tout cela mentalement, comme par télépathie avec ces âmes en colère. Plus précisément, je sentais que cela parlait à travers moi. Et les âmes s’apaisaient les unes après les autres et disparaissaient dans la lumière bleue. Jusqu’à la dernière voix dans le ciel. Puis cela me dit « c’est fini ».


Je sortis de mon état second. J’écoutais. Effectivement l’orage semblait fini. Pour le moment, car de nouveaux coups de tonnerre et la foudre tombaient à quelques kilomètres de là et un nouvel orage se dirigeait vers la crête. Un orage d’une autre nature. Pas de voix hurlantes. Je me relevais et descendit rapidement la pente jusqu’à ma voiture pour me sentir à nouveau en sécurité.

 

Je vous partage ces expériences, humblement et avec sincérité. 

 

Les esprits de la nature me sont donc apparus et je les ai sentis. Le dernier que j’ai vu est un dragon. Un énorme dragon noir. Certaines personnes me disent qu’elles aimeraient voir des dragons, je pense qu’elles ne mesurent pas l’aura de puissance d’un tel être. Ce dragon était de couleur noire, et j’ai été très très impressionné.

 

 

 

Ce que je retire de ces expériences :

 

 

Parfois, dans certaines situations où nous nous sentons paralysés dans le danger, ou dans des situations où la peur nous submerge, c’est l’occasion dont l’âme a besoin pour apprendre à s’en remettre. À demander de l’aide. Et l’accueillir en soi. Laisser cette énergie être notre énergie. Laisser cette présence être notre présence. Des situations en apparence extrêmes peuvent être des occasions de vivre cette « incorporation », cette « canalisation » d’énergies puissantes. Puissantes et aimantes. De même, lorsque nous nous sentons incapables d’amour envers autrui, après une phase réactive, nous pouvons abandonner les résistances. Abandonner la guerre. Abandonner les conflits. Nous abandonner avec humilité. Nous pouvons nous en remettre. Nous en remettre est en quelques sorte laisser la montagne être présente. La montagne avec sa force et son assise. C’est une façon de se laisser incorporer par une énergie puissante. En quelque sorte canaliser une énergie qui est adaptée. Une montagne ou un esprit divin.

Lorsque nous allons chez les guérisseurs philippins, c’est l’Esprit Saint qui agit. À travers le corps de la guérisseuse, c’est un esprit puissant qui agit et qui opère les êtres ou réalise des prophéties.

Pas la peine d’attendre des situations extrêmes. Demander, prier, méditer, s’en remettre sont autant de façons de se laisser incorporer. D’un seul coup, ce n’est plus « moi » qui suis aux commandes, mais une force autre. Nous devenons un canal du divin et des forces divines. Lorsque nous fêtons les divinités celtes, ce sont ces forces qui sont sollicitées.

  

Voir les fées c’est une chose. Voir avec le regard des fées est aussi une expérience marquante et merveilleuse. Mais des personnes autour de moi souhaitaient voir ou entendre des fées. Et je pense que pour entendre des fées, il s’agit d’écouter. Écouter avec ses oreilles du cœur. Voir avec les yeux du cœur. Je ne saurais pas l’exprimer différemment. C’est un état non ordinaire, un peu comme en méditation. Avec une vigilance ouverte.

Mais ce que je retire surtout de ces expériences, c’est qu’elles ont créé un fossé entre cette réalité merveilleuse et ma réalité quotidienne. Car je revenais à ce « moi ».

 

Côtoyer les anges et les fées est un exercice périlleux. Car vous êtes comme au bord d’un lac où se reflète le ciel. Vous aurez beau plonger dans ce lac, vous ne pourrez jamais atteindre le ciel. Mais avec les anges et les fées, d’un seul coup, vous devenez papillon. Léger. Ailé. Vous volez dans l’immensité. Le ciel, le soleil, vous sentez que vous êtes traversé. Votre âme brille de cette lumière si légère et vos ailes deviennent aux couleurs de l’éternité. Puis l’instant suivant, vous chutez. Vous retombez sur la glaise d’un rivage de terre. Vous devenez lourd et vous avez beau regarder le ciel, il est loin. Sur le lac, seul un reflet, comme une trace d’un passé. Les papillons volent dans le ciel ensoleillé, et vous êtes sur le rivage. Vous ne savez plus si vous êtes dans la vie, ou dans son reflet.

 

Je vivais cette séparation qui existe entre la terre et l’air. Entre la glaise et la lumière. Je sentais la vie sur terre si lourde, si emplie de densité et de matière. J’aspirais à devenir papillon, à voler avec cette autre réalité qui m’échappait à chaque fois que je voulais la saisir, la garder.

Une fée, un ange, c’est une source pure jaillissant de l’invisible.

C’est un éclat venant de l’éternel. Une brillance à aucune autre pareille.

L’amour qui émane de ces êtres est d’un autre ordre, que l’on dit surnaturel. Au-dessus de notre nature. Je devenais un humain qui rêvait d’être papillon. À nouveau, m’échapper. Sortir de la condition qui fait chuter, pour voler avec ces éclats dorés.

 

J’ai même rencontré le Christ. Lui, il ne volait pas. Il marchait. Sur une eau qui le portait. Une eau qui lève des vagues. Qui lève des ondes d’amour si grandes qu’elle submerge lac, berge, forêts, montagnes et océans. Oui, j’ai rencontré le Christ sans le demander. Sans même être ni croyant, ni baptisé. J’étais aimanté par les fées et les anges, et un jour c’est lui qui s’est manifesté. J’étais nu, dans la salle de bains de cette maison que nous louions. Je prenais un bain en fin de journée. Et il apparut dans la salle de bains, me délivra un message, et surtout m’inonda d’amour. L’eau du bain était comme agitée de vagues émanant de Lui. Des vagues qui me submergeaient d’amour. Cela dura quelques minutes. Mais ce sont des minutes qui se gravent. Elles marquent une petite humanité. Elles lui apposent une empreinte pour l’éternité.

Sa présence m’a bouleversé. Quand il fut parti, que l’eau du bain se fut calmée, je me retrouvais là. Penaud. Sachant que quelque chose s’était passé, et à la fois ne voulant pas y croire. Les nuits suivantes étaient emplies de ciel. Dans les jours qui ont suivi, j’étais un peu hébété. Un peu perdu, un peu décalé, un peu illuminé. Puis cela aussi partit. Quelque part. Je n’en parlais à personne. Ou du moins, le peu que j’en parlais passait pour une histoire. Je n’avais aucun stigmate extérieur de cette rencontre, juste cette marque, à l’intérieur, sur un corps invisible et pourtant si réel.

 

Ce fut aussi presque par hasard que je rencontrais un prêtre. J’étais en guerre froide, et depuis peu réchauffé. Illuminé. Pendant que cette lumière m’envahissait, et changeait les pensées, un jour j’appelais un prêtre que l’on m’avait conseillé. Je souhaitais un renseignement sur son travail avec les huiles essentielles. Lorsqu’il décrocha son téléphone, j’allais parler, mais d’autres mots ont jailli. Après un « bonjour » de courtoisie, quand il me demanda l’objet de mon appel, je lui répondis « votre travail avec les huiles essentielles », mais les mots qui sortirent à la place de ma volonté furent « je souhaite devenir prêtre ». J’étais athée. La bible m’était inconnue. Je connaissais seulement le Christ de ce que j’en avais vécu dans ma baignoire.

Il me proposa un rendez-vous. Je pensais m’excuser, lui expliquer que les mots avaient jailli à mon insu. Je partis donc le rencontrer, au mieux, ce serait sur un autre sujet qu’aurait lieu la rencontre. Quand je revins à la maison, ma femme me demanda si cela s’était bien passé et si j’avais pu m’expliquer. Je lui répondis que nous étions finalement restés sur le même sujet, quelque chose en moi avait récidivé, et j’allais devenir prêtre. J’ai donc suivi un enseignement de plusieurs années. La théologie m’était aussi incompréhensible que les paroles de l’évangile. Je ne comprenais rien. Je n’arrivais pas à mémoriser. Plusieurs années à essayer de comprendre, en vain. Alors je reçus un baptême, et je fus consacré. Diacre, puis prêtre. J’ai été ordonné prêtre d’une lignée qui venait du fond des temps. Une lignée du ciel et de la terre. Chrétien celte. Le vieux druidisme qui avait accueilli le Christ. Un nouveau souffle, une nouvelle lignée.

J’ai été baptisé dans une rivière et consacré sur la pente d’une montagne, un soir pendant que les étoiles commençaient à briller. Prêtre des temps nouveaux. Pour les temps nouveaux. Une lignée en marge des églises. Une lignée qui se vit ainsi, près des rivières, au cœur des forêts, sur les pentes des jeunes montagnes fièrement dressées ou des vieilles collines au dos arrondi par l’usure du temps et des éléments.

 

Bien qu’appelant les fées et les anges, je ne recevais leur visite que rarement.

Et tourné vers le Christ, je répétais des mots et des mouvements, et pourtant, il n’était pas là. Dans l’humain, on le voit rarement. Il y a souvent trop de « moi » pour laisser passer ce qui brille quand on est transparent. Le « moi » devient un nuage. Le vitrail reste sans éclat.

 

J’appelais le merveilleux, et il se manifesta de moins en moins.

J’étais plongé dans une réalité ordinaire et en moi se déchirait quelque chose que je ne saurais définir. On me parlait de réalité, mais toujours en évoquant la matière. Or je savais qu’il y avait autre chose. Mais cette réalité non ordinaire, si éloignée de la matière, générait en moi une aspiration, une soif, et à la fois une profonde séparation que j’avais du mal à accueillir. Je n’arrivais pas à sentir la joie profonde. Celle-ci restait en surface, accrochée à des désirs, à des moments heureux que je n'arrivais pas à accueillir. Je savais cet ultime si proche, et je n’arrivais pas à le toucher.

Je restais à la fenêtre espérant que les nuages allaient se lever. J’espérais, j’attendais, et chaque soir je voyais qu’une nouvelle journée était passée. Quelques joies, mais cela ne suffisait pas.

 

À quoi cela sert de voir anges et fées, de voir une autre réalité, si cela vous laisse avec un gout amer. J’avais reçu des grâces. J’avais eu l’opportunité de voler avec les anges, et pourtant quelque chose manquait. Chacun a vécu ses propres grâces. Ses rencontres sacrées. Cela vous change quelques instants, et puis c’est comme un rêve qui retournerait au passé. Le monde est dualité, et nous devenons cette dualité.

Nous savons qu’il y a cet ultime, et pourtant nous faisons tout pour nous en séparer.

Parfois même nous n’osons pas en parler, de peur d’être jugé, d’être mis de côté. Alors qu’en fait, nous sommes déjà à côté. La vie déploie ses merveilles, et nous sommes à côté. Absorbés. Au travail, à l’amitié, à la petite humanité. Nous trinquons chaque jour à la santé d’un système qui ne veut pas se transformer. Nous sombrons dans une illusion collectivement partagée. Nos amis sont comme nous, attachés à cette vieille humanité, où chaque jour suffit sa peine, et où les fêtes sont des moments de convivialité, parfois d’exaltation à marquer sur un calendrier.

 

Certaines traditions appellent cela le « relatif ». La réalité relative. Il n’y a qu’elle quand l’absolu vous semble si loin, en vous et autour de vous.

 

Je croyais que cela resterait ma réalité. Quelques parenthèses merveilleuses devenues plus rares, il ne me restait que cela. De nouveau, je m’enfermais dans un fonctionnement où je ne m’épanouissais pas. Mais dorénavant, je savais. Je savais qu’autre chose existait. Même si je ne savais pas le retrouver, ni le partager, quelque-chose existait quelque part.

Peut-être dans un futur radieux ? Peut-être après ma mort, une autre existence ?

Aurais-je la patience ? Les anges, les fées, les dragons ou les défunts indiquaient une direction, mais je ne voyais pas encore laquelle.

Je sentais cela compliqué. Je cherchais sans trouver. Alors que c’était là. Si proche que je ne pouvais trouver. Car je cherchais au loin. Loin en haut, loin en bas, loin devant.

J’avais beau enchainer des stages, rencontrer telle ou telle méthode, telle ou telle technique de soin, cela ne me ramenait pas à la brillance des êtres ailés. Je restais chenille, sachant que quelque part, des papillons volaient.

Je ne savais pas que toute chenille devient un jour papillon, même si je l’espérais au plus profond de mon âme.

 

Je ne savais pas que chaque humain porte en lui un ciel pour apprendre à voler. Un ciel au creux de cette terre. Un ciel empli de soleil et de lumière. Un ciel cristallin, divin. Je ne le savais pas encore, j’allais le découvrir.

 

« Il y a des souvenirs, de nombreux souvenirs, tout le monde a des souvenirs. Le feu a des souvenirs, les eaux, les arbres, nous en avons tous. Ils sont tous tressés ensemble ». Rachel Dutton Olds, « La distance devient ciel ».

Comments


bottom of page