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Choix d'automne et d'Océan



Merci pour les nombreux témoignages, je n’ai pas encore pu répondre à chacun.

Je trouve assez phénoménal certaines circonstances qui me poussent à vous écrire cette lettre. J’ai reçu ces derniers jours des coups de téléphones assez semblables. Ils évoquent des vagues émotionnelles suite à des histoires. C’est ce que l’on nomme la « réactivité ». Cette réactivité n’est que l’actualisation de nos conditionnements ou vieilles mémoires transmises par notre famille ou notre éducation. Il s’agit d’une situation qui soulève un jugement et des mots parfois durs, en tous cas réactifs.

Et c’est un vrai festival ces jours-ci. Aussi, si cela vous arrive, respirez un bon coup. Voyez à ne pas prendre cela personnellement, car c’est juste dans l’air et cela s’exprime proche de vous, ce n’est pas grave.

Nous sommes cette énergie divine traversée par un ensemble de perceptions, comme les pensées, les sensations corporelles, les histoires… et ces jours-ci, cette traversée est teintée particulièrement d’histoires. Comme pour nous faire croire que nous sommes des personnes. Des personnages avec une histoire. Que nous sommes des individus avec un passé et un futur, que nous sommes comme ceci ou comme cela, que nos proches sont aussi comme ceci ou cela… or ce n’est pas le cas. Nous sommes bien plus qu’un corps qui pense. Nous sommes de cette énergie de l’instant, vivant et vibrant particulièrement dès que nous entrons dans le moment présent, et souffrant et s’embêtant dès que nous tombons dans les vibrations d’une histoire personnelle. Dès que nous nous identifions à ce « corps qui pense ». Et nous classons, nous essayons de faire rentrer les autres êtres dans des cases, dans des histoires, avec des étiquettes sur chaque personne, sur chaque situation.

J’ai vraiment rompu avec cette croyance d’être Stéphane, la personne qui a cet âge, ce corps, ce passé… le jour où je suis mort… Quelques instants… C’était en novembre 1997, je me suis retrouvé flottant au-dessus de mon corps pendant que les secouristes essayant de me récupérer avaient baissé les bras, impuissants. Et lorsque j’ai réintégré mon corps, de nouvelles choses sont apparues. Des filtres avaient sauté. Mais ce qui a été le plus flagrant a été de me souvenir de ce moment où je flottais au-dessus de mon corps. Et je me suis demandé : « Avec quels yeux est-ce que je voyais cette scène si mes yeux étaient restés sur mon corps ? Avec quels cerveau est-ce que je pensais si mon cerveau était lui aussi resté sur mon corps ? » Bien qu’à ce moment-là j’étais assez perturbé par de nouvelles perceptions et les visites d’anges, de fées, de fantômes… j’ai aussi cherché ardemment à répondre à cette question : "si je continue à vivre et percevoir quand je quitte ce corps, alors qu’est-ce que je suis vraiment ?" En gros, "Qui Suis-Je ? " Je ne pouvais plus croire que j’étais ce corps. Et alors j’ai commencé à explorer.

Tout d’abord, je me suis focalisé sur les fées et anges.

Comment pouvais-je agir tout en sachant qu’ils sont là ? Cela m’a poussé assez loin dans les rencontres avec les esprits de la nature. Mais je restais sur ma faim. Je restais identifié à ce personnage, ce « moi » qui explorait un monde empli d’énergie et d’esprits divers et variés.

Puis finalement j’ai fini par ne plus croire en mon personnage. Car les plus beaux séminaires et stages, les plus grandes compréhensions ou expériences mystiques me laissaient un goût d’incomplétude et je retournais assez rapidement dans mes manques, mes réactivités, mes blessures…

Un jour, je me suis dit que j’avais droit au bonheur. Que j’avais droit à la libération des souffrances et à arrêter de juger tout un chacun. J’ai eu la chance de croiser quelques rares personnes libérées, éveillées… et alors cela m’a encouragé.

J’ai d’abord vécu une période intense de désidentification. C’est-à-dire que je ne croyais plus en toutes les étiquettes que je m’étais posé : père de famille, mari, ami… je ne savais plus qui j’étais, ni ce que j’étais. Je ne trouvais pas de sens à ma vie. J’ai plongé dans ce passage à priori incontournable de déconstruction. Non pas seulement intellectuelle, mais complète.

C’était ma façon de rejeter la part humaine pour accueillir la part divine. Je sentais cet appel si fort que cela prit toute la place. Les histoires fondaient comme neige au soleil… et finalement je me suis éveillé. J’avais accepté ma qualité divine, et essayé tellement de la manifester, tout en essayant de ne pas m’identifier au personnage, que cela a fonctionné. Je me suis éveillé. De façon partielle pour le moment, cela apparait. Entre deux plongées dans ma légende humaine, je touche à ce que je suis réellement. Et cela ancre ma foi. M’aide quand je chute à nouveau. Pour le moment, j’alterne ces deux états, ces deux extrêmes, dont l’un reste une vieille habitude qui a la peau dure.

Sincèrement, prêteriez vous autant d’attention aux histoires si vous saviez intimement que vous n’êtes pas ce personnage auquel vous vous êtes jusqu’alors tellement identifié ?

Je croise tellement de personnes qui suivent des thérapies pour guérir, aller mieux. Vous pouvez suivre les meilleurs stages, les meilleurs enseignements et en recevoir de belles compréhensions ou des expériences mystiques intenses. Tant que vous croyez qu’il y a un personnage à guérir de ses anciens traumatismes, de ses vies antérieures… vous restez dans le personnage et ce dernier est un malade permanent. Il est purement malade et mortel.

Les réelles et profondes guérisons opèrent de façon magique, spirituelle, lorsque nous acceptons que notre nature n’est pas mortelle et que nous mettons en œuvre une méditation, c’est à dire une observation directe de ce que nous sommes quand nous ne nous agitons pas, que nous ne nous identifions pas. Notre nature divine apparait. Se déploie…

C’est l’automne. Chez les celtes, l’automne correspond dans le cycle annuel à la soirée dans le cycle quotidien. C’est le moment des intentions. Des choix. Qui ensuite s’enrichissent de la vie intérieure (l’hiver ou la nuit profonde) pour ensuite être mis en mouvement dans la matière (le printemps ou le temps diurne) et générer des fruits (l’été ou le temps de fin de journée).

Nous sommes donc dans cette phase de choix : est-ce que je me positionne pour une vie emplie d’histoire humaine, ou est-ce que je me positionne pour explorer la vie divine ? Est-ce que je continue à croire en ce personnage, ou est-ce que je mets en œuvre ce que je peux pour revenir à ma vraie nature ?

Les histoires s’exacerbent en automne. Les questions aussi : Quel est le sens de ma vie ? Quel est le sens de la vie ? Quelle est ma mission ? Quand je dis « je suis », à qui ou à quoi est-ce que je me réfère ? Pourquoi est-ce que je juge autant ou que je me fatigue de toutes ces histoires ? etc.

Il est temps.

Temps de rompre avec les histoires.

Temps de rompre avec la réactivité.

Temps d’arrêter de projeter sur autrui et sur nous même ces étiquettes et histoires diverses.

Les temps nouveaux sont là.

C’est le temps de laisser le passé au passé et d’ouvrir le portail du moment présent.

D’y rencontrer l’essence même de toute chose, de s’abandonner dans la conscience quand elle n’est qu’un vaste océan, et d’apprendre à nager, apprendre à être simplement la nage, à savourer d’être la nage et jouer avec les ondulations de la conscience…

Stéphane


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